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La schizophrénie dans : Un homme d’exception

Dernière mise à jour : 27 mai 2020



Avez-vous déjà regardé le film “un homme d’exception” (a beautiful mind) ? C’est un film réalisé en 2001 par Ron Howard qui a été adapté du livre "Un cerveau d'exception", la biographie de John Forbes Nash Jr. écrite par Sylvia Nasar. Si vous ne l’avez pas encore vu et que vous souhaitez le faire ATTENTION dans ce qui va suivre il y a des spoilers ;-)


J’ai souhaité vous parler de la schizophrénie et je me suis dis que ce serait plus intéressant de vous introduire ce sujet en réalisant une petite “analyse psychologique” du film.


En réalité le film n’est pas une description tout à fait exacte du trouble de John Nash (dans la vraie vie) mais il peint une représentation assez précise de ce trouble mental.


Pour rappel la schizophrénie est un " trouble mental chronique qui affecte la façon dont une personne pense, ressent et se comporte. Cette pathologie mentale touche également la perception que la personne a de sa réalité. De multiples symptômes se manifestent dans la schizophrénie, les plus courants sont les hallucinations, un comportement délirant et des troubles de la concentration.


Revenons maintenant au film. Dès le début, on nous présente John comme un génie mystérieux qui a des problèmes relationnels. En effet, il a du mal à intégrer le groupe d'étudiant de sa classe et même s’il a de bonnes intentions il finit par offenser ses camarades en tentant de communiquer avec eux.


Il est vrai que les personnes qui souffrent de schizophrénie ont une vie relationnelle appauvrie surtout à cause de leurs symptômes délirants. Par conséquent, ils rencontrent beaucoup de difficultés à interagir avec les autres.


Par la suite quand John retourne dans sa chambre (qui est à la base une chambre individuelle), il y rencontre son colocataire Charles, mais on comprend assez vite que Charles n'existe pas réellement. Il est le fruit de l'imagination de John. Nous sommes en présence d’un premier symptôme de la schizophrénie de John, une hallucination visuelle.


Dans le film, les symptômes de John se manifestent au début de la vingtaine, au moment où il entame son cursus universitaire, mais les symptômes du vrai John dans la vie réelle se sont déclarés qu’à partir de ses trente ans. 20 ans correspond à l’âge moyen où on observe les premiers symptômes de la schizophrénie mais il arrive qu’ils apparaissent tardivement jusqu’à l’âge de 30 ans.


Quand on est en présence d’hallucinations qu’elles soient auditives ou visuelles, il y a souvent des pensées délirantes qui les accompagnent. Elles expliquent parfois leur contenu et alimentent les hallucinations. Tout ce qui se passe autour de la personne est interprété selon le thème du délire.

Dans le cas de John il s'agissait de persécution.


Dans le film, on voit le pic de son délire se produire pendant qu’il prononce son discours sur ses recherches mathématiques. Il voit des hommes en costumes débarquer dans la salle de conférence qu’il croit être des espions soviétiques qui sont là pour lui faire du mal, le persécuter. Mais on comprend assez vite que ces hommes ne sont pas des espions mais des professionnels envoyés pour l’emmener dans un hôpital psychiatrique.


Cette scène montre à quel point la schizophrénie peut être handicapante et à quel point elle n’est pas comme les autres troubles. Quand les gens pensent à la schizophrénie, ils font l’erreur de penser qu’un schizophrène a des personnalités multiples, mais ce trouble porte un autre nom “le trouble dissociatif de l’identité” et qui n’a rien avoir avec la schizophrénie.


Dans la schizophrénie, ce qui est problématique pour les personnes qui en souffrent, c’est qu’ils ont beaucoup de difficultés à faire la différence entre les choses réelles et celles qui ne le sont pas.


Imaginez que quelqu’un vous dise à l’instant: “tu as l’impression que tu regardes un écran mais en vrai il n’y a rien devant tes yeux, tu es en train de regarder le vide, tout ce que tu entends et vois est le fruit de ton imagination et t’en n’es même pas conscient !”.


Dans le film, John a principalement des hallucinations visuelles mais en réalité les hallucinations auditives sont beaucoup plus fréquentes que les hallucinations visuelles.


Les hallucinations de John lui font croire qu’il travaille pour le ministère de la défense sous la direction d’un mystérieux agent du gouvernement mais sa femme réussit toutefois à lui prouver que ce ne sont que des délires tout droit sortis de son imagination. Il prend alors conscience de son trouble.


Si une personne souffrant de schizophrénie est bien prise en charge, elle peut prendre conscience de sa pathologie et admettre qu’elle a des délires. Cela a un grand impact sur le pronostic de l’évolution du trouble.


Le film nous donne également un aperçu des traitements cruels que subissaient les personnes souffrant de troubles mentaux, je rappelle toutefois que l’histoire se déroule dans les années 50. Peu de temps après sont apparus les antipsychotiques et cela a quand même pas mal changé les choses.


Revenons à notre histoire, John est ensuite libéré de l'hôpital psychiatrique, il tente alors de reprendre une vie normale de chercheur mathématicien mais les médicaments qu’il prend lui posent problème car ils l'empêchent de réfléchir. Il décide donc, en cachette, d’abandonner son traitement et cela lui coûte très cher parce qu’il devient à nouveau délirant. Un jour, il laisse Charles, son hallucination, surveiller son bébé qui était dans la baignoire et qui a bien failli se noyer si sa femme n’était pas intervenue.


Cette scène nous rappelle que les antipsychotiques ont des effets secondaires qui affectent la façon de penser et de ressentir ses émotions mais c’est souvent la seule solution de traitement qu’on offre aux personnes souffrant de schizophrénie.


Cependant, dans à la fin du film on voit que grâce à son environnement, sa femme et ses collègues, John parvient à ne plus prêter attention à ses hallucinations et à ses pensées délirantes. Il a appris à vivre avec sa pathologie mentale. Mais est-ce réellement possible ?


Alors, en grande partie oui notamment grâce aux thérapies cognitives et comportementales qui aident les personnes souffrant de schizophrénie à mieux gérer leurs émotions, à modifier les interprétations de leurs délires, à mieux gérer les hallucinations et aussi apprendre de nouvelles habiletés sociales ( comment se comporter avec les autres, le sens de l’humour… etc)


Pour rappel, John Nash a reçu pour ses travaux le prix Nobel d’économie en 1994 et le prix Abel en 2015, alors pensez-y quand vous croiserez une personne qui souffre de schizophrénie ou d’un autre trouble mental.

N'hésitez pas à laisser vos commentaires en bas de cet article, je prends toujours beaucoup de plaisir à vous lire à vous répondre !


Amitiés,

Amel

1 059 vues1 commentaire

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1 Comment


Mylaine Lavallée
Mylaine Lavallée
Jan 26, 2021

Bonjour! Dans votre article, vous ne mentionnez que la schizophrénie mais est-ce que cela aurait pu être le Corps de Lewy? Merci!

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