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Les émotions de base et leur identification



Les émotions jouent un rôle très important dans nos vies : elles influencent notre façon de vivre et d’interagir avec notre environnement. On vit avec elles depuis toujours et c’est peut-être pour cela qu’on ne remarque pas forcément comment elles nous guident dans nos choix. Cela implique qu’il est essentiel qu’on les connaisse, qu’on les identifie et qu’on développe des capacités particulières pour les réguler (En bas de l'article vous trouverez des fiches d’exercices à télécharger pour vous aider dans le processus d'identification des émotions.).


Les émotions font partie du développement naturel de chaque être humain. Elles sont les mêmes pour tous indépendamment des différentes cultures qui existent et qui ont existé jadis.


Les émotions de base


De nombreux psychologues ont tenté d'identifier les différents types d'émotion que les gens éprouvent. Au cours des années 1970, Paul Eckman[1] a évoqué six émotions de base qui, selon lui, sont universelles. Les émotions qu'il a identifiées sont la joie, la tristesse, le dégoût, la peur, la surprise et la colère. En 1999, Eckman a élargi cette liste pour y inclure un certain nombre d'autres émotions de base, notamment la gêne, l'excitation, le mépris, la honte, la fierté, la satisfaction et l'amusement.


Une combinaison d'émotions


Robert Plutchik[2] a développé une théorie, sur les différents types d'émotion, un peu plus complexe que celle d'Eckman. Selon ce psychologue, les émotions peuvent être combinées pour former d’autres types d’émotion. Il a appelé cela la « roue des émotions » qui fonctionne comme la roue des couleurs qui peuvent être mélangées pour créer d’autres nuances.


Selon cette théorie, les émotions de base sont les éléments primaires à partir desquels des émotions plus complexes se construisent. Par exemple, la peur combinée à la surprise crée la « crainte »; le dégoût combiné à la colère crée le « mépris ».


Cependant la classification des émotions telles que présentée par Eckman et Plutchnik peut paraître restrictive car ce que nous ressentons est beaucoup plus complexe qu’une liste prédéfinie et non exhaustive d’émotions, bien qu’elle nous permette de mettre des mots sur ce que nous ressentons. C’est pour cela qu’une définition plus contemporaine de l’émotion s’impose.


Définition de l’émotion


Une émotion est un état psychologique complexe qui implique trois composantes distinctes : une expérience subjective, une réponse physiologique et une réponse comportementale ou expressive. [3]


1. Une expérience subjective


Nous avons vu qu’il existe un certain nombre d’émotions universelles de base. Toutefois, le vécu de ces émotions est très subjectif et il dépend de nombreux facteurs (biologie, environnement, antécédents personnels, contexte de vie…etc) qui nuancent le vécu des émotions et leur donnent une valeur multidimensionnelle.


La colère, par exemple, est-elle la même pour tous ? certainement non. Elle peut aller, par exemple d’une légère contrariété à une rage aveugle.


D’autre part, généralement, nous ne ressentons pas toujours des formes pures d’émotions, ce qui rend leur étiquetage d’autant plus difficile. Il est courant de ressentir des émotions mélangées à l’occasion de différents événements ou situations de notre vie. Par exemple, avoir un enfant peut générer une très grande variété d’émotions, pures et complexes allant de la joie à l’anxiété.


2. Une réponse physiologique en plus d’une expérience subjective


Selon la théorie des émotions de Cannon-Bard, lorsque nous recevons une information de notre environnement notre subjectivité est stimulée mais aussi notre corps. Plus précisément, lorsqu'un événement se produit, le thalamus transmet simultanément deux signaux. Un premier signal destiné à l'amygdale, qui traite les émotions, telles que la peur et la colère, et un deuxième signal au thalamus, qui à son tour envoie des informations au système nerveux autonome qui entraîne des réactions physiques telles que la tension musculaire, les tremblements et la transpiration. Vraisemblablement, nous ressentons l’émotion par notre subjectivité et par notre corps.


Par exemple, vous voyez une araignée (stimulus) alors vous ressentez de la peur et une accélération des palpitations de votre cœur.


3. Une réaction comportementale


Il s’agit de l’expression de l'émotion telle que vous la voyez. Nous passons beaucoup de temps à interpréter les expressions émotionnelles des personnes qui nous entourent. Notre capacité à comprendre ces expressions avec précision est liée à l'intelligence émotionnelle, et ces expressions jouent un rôle majeur dans notre langage corporel global.


De nombreuses expressions sont universelles, comme le sourire pour indiquer la joie ou le froncement de sourcils pour indiquer la tristesse ou la colère. Cependant, contrairement à ce qu’on ressent, qui est universel, l’expression et l’interprétation des émotions peut changer d’une culture à une autre.


Au Japon, par exemple, les gens ont tendance à masquer les manifestations de peur ou de dégoût lorsqu'une figure d'autorité est présente. D’autre part, contrairement aux cultures occidentales, ils ont tendance à exprimer les émotions négatives lorsqu’ils se retrouvent seuls, autrement c’est très mal vu.


Nous voyons que la compréhension et l’identification des émotions peut être très complexe. Beaucoup de recherches scientifiques restent à faire dans ce domaine et même si, au vu des recherches contemporaines, la classification des émotions nous semble aujourd’hui réductrice, il est plus facile de comprendre ce que nous ressentons en partant des émotions de base qu’a identifiées Paul Eckman. Examinons-les alors.


La joie


Elle est définie comme un état émotionnel agréable qui se caractérise par des sentiments de contentement, de gratification, de satisfaction et de bien-être. Ce type d'émotion s'exprime parfois à travers :

Des expressions faciales : le sourire.

Un langage corporel : le corps est détendu.

Un ton de la voix : une manière de parler agréable et joyeuse.


La joie est reconnue comme étant une émotion universelle, cependant sa manifestation dépend de différents facteurs qui peuvent varier d’une culture à une autre ou d’une personne à une autre. Cependant, il est certain qu’elle a un impact significatif sur la santé mentale et physique.


La tristesse


Il s’agit d’un état émotionnel caractérisé par des sentiments de déception, de chagrin, de désespoir, de désintérêt et d'humeur labile.

Comme pour d'autres émotions, la tristesse est universelle et tout le monde la ressent de temps à autre. Dans certains cas, les gens peuvent connaître des périodes prolongées de tristesse au point ou elle se chronicise et donne lieu à des troubles de l’humeur comme la dépression.


La tristesse peut s'exprimer de différentes façons, notamment par des pleurs, de la léthargie, un ralentissement psychomoteur et le retrait social.


La tristesse peut souvent conduire les gens à s'engager dans des comportements d’évitement et engendre une tendance à la rumination de pensées négatives. Ces comportements peuvent exacerber le sentiment de tristesse et prolonge la durée de l'émotion.


La peur


Sans cette émotion, nous ne survivrions pas. Lorsque vous êtes confronté à un danger quelconque et que vous ressentez de la peur, instinctivement, vous répondez soit par le combat, soit par la fuite ou bien vous gelez sur place, vous êtes tétanisé. Vos muscles se contractent, votre rythme cardiaque et votre respiration augmentent, aussi vous devenez plus alerte. Votre corps se prépare à répondre au danger. Ces réactions sont très difficiles à contrôler. Nous les ressentons malgré nous.


Bien sûr, tout le monde ne vit pas la peur de la même façon. Certaines personnes peuvent être plus sensibles à la peur et certaines situations ou certains objets peuvent être plus susceptibles de déclencher cette émotion, notamment dans les cas de traumatisme ou de phobie.


Nous pouvons également développer une peur anticipée sans être forcément confronté à l’objet de peur. Dans ce cas précis, ce sont nos pensées qui sont à l’origine de cette émotion, et c'est ce que nous considérons généralement comme de l'anxiété. L'anxiété sociale, par exemple, implique une peur anticipée des situations sociales.


Cependant nous avons le pouvoir d’agir sur cette émotion de différentes manières. L'exposition répétée à un objet ou à une situation de peur peut conduire à se familiariser à cet objet, ce qui peut réduire le sentiment de peur et d’anxiété. C’est une technique qui est par exemple utilisée dans les thérapies cognitives et comportementales dans les cas des phobies et des troubles paniques.


Le dégoût


Il s’agit d’un sentiment de répulsion qui peut être provoquée notamment par un goût, une vue ou une odeur désagréable. Les gens peuvent également éprouver un dégoût moral lorsqu'ils observent d'autres personnes adopter des comportements qu'ils trouvent désagréables, immoraux ou malfaisants.


Le dégoût peut se manifester de plusieurs façons, notamment par :

Le langage corporel : se détourner de l'objet du dégoût.

Des réactions physiques : des vomissements ou des haut-le-cœur.

Des expressions du visage : plisser le nez et recourber la lèvre supérieure.


La colère


Elle se caractérise par des sentiments d'hostilité, d'agitation, de frustration et d'antagonisme envers les autres. Tout comme la peur, la colère peut jouer un rôle dans la réaction de combat ou de fuite. Lorsqu'une menace génère des sentiments de colère, vous pouvez être enclin à repousser le danger et à vous protéger.


La colère est souvent considérée comme une émotion négative à cause des comportements qu’elle engendre ou des conflits qu’elle alimente, cependant il s’agit d’une émotion tout à fait naturelle et il est normal de la ressentir. Tout comme pour les autres émotions, il ne faut pas la rejeter ou l’éviter mais essayer de comprendre pourquoi vous la ressentez car elle vous renseigne souvent sur vos besoins qui ne sont pas comblés.


La colère peut cependant devenir un problème lorsqu'elle est excessive ou exprimée de manière malsaine, dangereuse ou nuisible pour les autres ou pour vous-même. Une colère incontrôlée peut rapidement se transformer en agression, en abus ou en violence. Ce type d'émotion peut avoir des conséquences à la fois mentales et physiques. Une colère non maîtrisée peut rendre difficile la prise de décision rationnelle.


La surprise


Elle est généralement assez brève et se caractérise par une réaction physiologique de sursaut à la suite d'un événement inattendu. Ce type d'émotion peut être positif, négatif ou neutre. Une surprise désagréable, par exemple, peut consister en une personne qui apparaît subitement devant vous sans crier gare et qui vous effraie alors que vous marchez tranquillement perdu dans vos pensées. Un exemple de surprise agréable serait d'arriver à la maison et de découvrir que vos amis les plus proches se sont réunis pour fêter votre anniversaire.


La surprise est un autre type d'émotion qui peut déclencher une réaction de combat ou de fuite. Lorsqu'ils sont surpris, les gens ressentent une poussée d'adrénaline qui aide à préparer le corps à faire face au danger.


Il est important de se rappeler que nous ne ressentons pas les émotions isolément. Au contraire, les nombreuses émotions que vous vivez sont nuancées et complexes et se combinent pour créer le tissu riche et varié de votre vie émotionnelle. Il peut être donc parfois difficile de les identifier. C’est pour cela que je vous propose quelques exercices utilisés par les thérapeutes pour vous aider à faire le tri dans ce que vous ressentez et en suivre l’évolution.


Techniques et exercices pour identifier ses émotions


Comme vous avez du le comprendre, l'émotion est non seulement subjective mais aussi physiologique (nous la ressentons dans notre corps). Alors, lorsqu'il s'agit de reconnaître ses émotions, de les identifier, les nommer, il est très important de prêter attention à ce que vous ressentez au niveau de votre corps. Essayez de détecter ou se trouve l'émotion (dans le ventre ? mais ou exactement ? est-ce qu'elle se déplace ? où est son point de départ ?...etc). Des techniques comme la méditation de pleine conscience ou encore le yoga peuvent vous aider à affûter vos sens et augmenter votre niveau d'attention. Ces pratiques vous aideront grandement dans le processus de reconnaissance des émotions. Ensuite essayez de nommer ce que vous ressentez. Il n'y a pas de bonnes réponses ! et comme vous l'avez constaté dans l'article, ce que nous ressentons est très complexe alors on ne pourra jamais être aussi précis qu'on le souhaiterai. Mais dès que vous trouverez le mot ou la phrase qui correspond à ce que vous ressentez ça résonnera tout de suite en vous. Cela veut dire que vous êtes sur la bonne voie.


Les fiches d’exercice que je vous propose ont pour objectif de vous aider à trouver le mot, la phrase ou la description qui se rapproche le plus de ce que vous ressentez. Vous pouvez vous servir de ces fiches autant que vous le souhaitez. Plus vous pratiquerai l'écoute de vos émotions et plus cela deviendra facile.

1. Quelles émotions je ressens ?

  1. Dans cette fiche vous trouverez une liste de 5 émotions (joie, colère, peur, tristesse, anxiété) et les signes physiologiques, psychiques et comportementaux qui permettent de les identifier. Pour décider si vous devez cocher la case ou pas, demandez-vous "est-ce que je ressens cela ?". Toutes les cases non pas être cochées pour confirmer l'émotion.

  2. Cliquez sur OUVRIR pour télécharger ou imprimer le fichier.


2. La roue des émotions

Cette roue vous indique quelques émotions, dont vous entendez souvent parler, et des émotions secondaires qui y sont liées.

Cliquez sur OUVRIR pour télécharger ou imprimer la roue des émotions.








3. Comment je me sens

Cette fiche vous permet d'explorer de façon méthodique les émotions que vous ressentez, le contexte dans lequel elles apparaissent, les comportements qu'elles engendrent et enfin les stratégies et/ou solutions que vous pourriez mettre en place.

Cliquez sur OUVRIR pour télécharger ou imprimer le fichier.





Vous pouvez accéder à d'autres exercices ICI.








Sources (hors exercices):


[1] De Moïra Mikolajczak, Jordi Quoidbach, Ilios Kotsou, Delphine Nelis. (2014). Les compétences émotionnelles. Paris : Dunud

[2] Robert Plutchik. (2003). Emotions and Life: Perspectives from Psychology, Biology, and Evolution. American Psychological Association

[3] Hockenbury, D. and Hockenbury, S.E. (2007). Discovering Psychology. New York: Worth Publishers.



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