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Lire un roman écrit par un psy ?



Quand nous ouvrons un livre de fiction, nous cherchons généralement à nous divertir. Les plus beaux romans que vous avez lus vous ont certainement impacté, vous vous êtes attachés aux personnages, vous en avez même haïs certains… vous avez aussi probablement appris des choses sur le monde et peut être même sur vous-même. Mais que se passe-t-il lorsque vous plongez dans un roman écrit par un connaisseur de l’esprit humain. 


Les psychiatres et psychologues, sont-ils capables de traduire leurs connaissances de la nature et du comportement humain en bonne fiction ? Leurs romans sont-ils agréables ?


Les professionnels de la santé mentale ont le privilège d'entendre les pensées et les sentiments les plus profonds et les plus intimes de nombreuses personnes. En créant un personnage fictif, les « psy » peuvent tirer de leurs expériences des détails et des particularités pertinentes sur le fonctionnement et l’état d’être de l'être humain.


Pour qu'un personnage de fiction soit crédible, ses sentiments et ses actions doivent provenir d'expériences uniques et complexes. Les psychiatres bénéficient d'une connaissance approfondie des motivations à l’origine des comportements des gens. Ils ne peuvent donc pas se contenter d’un récit qui prendrait des raccourcis. Ils ne peuvent pas ne pas être authentiques et il en est de même des fictions qu’ils créent. C’est peut-être d’ailleurs pour cette raison qu’il y a peu de « psy » romanciers.


Mais bien évidemment avoir seulement des connaissances en psychologie ne suffit pas pour écrire un bon roman. Il faut certainement avoir une bonne maitrise de la langue, de la créativité, du temps, de l’imagination et beaucoup d’heures d’entrainement à son actif.


Mais quand tous ces critères sont combinés, alors cela donne des fictions extraordinaires : Et Nietzsche a pleuré de Irvin Yalom


Dans ce roman, sans un mot de théorie psychanalytique, l’auteur met en scène tous les éléments classiques d'une analyse.


L’histoire a lieu à Venise, en 1882. Lou Salomé somme le Dr Breuer, l'un des fondateurs de la psychanalyse, de rencontrer Friedrich Nietzsche, son ami. Encore inconnu du grand public, le philosophe traverse une crise profonde due à ses relations orageuses avec Lou Salomé. Entre Nietzsche et le Dr Beuer se noue un pacte secret sous le regard du jeune Sigmund Freud. Nietzsche, accepte d'être pris en charge par le Dr Breuer, mais seulement si Nietzsche, en même temps, aide Breuer à gérer ses propres problèmes psychologiques.


Tous les personnages qui apparaissent dans ce roman ont vraiment existé, mais la rencontre entre Nietzsche et Breuer n’a jamais eu lieu. C’est tout le talent d’Irvin Yalom de nous faire croire à la réalité de ces entretiens, en s’appuyant sur les faits historiques, sur les textes de Nietzsche et surtout sur sa propre pratique de psychiatre.


Dans ce roman, nous assistons à un dialogue intellectuel. Nous entendons des conversations sur le développement de la psychanalyse comme méthode d'interprétation, en particulier des rêves. Parallèlement, nous entendons la philosophie de Nietzsche expliquée d'une manière qui la rend plus compréhensible (ce qui n'est pas une tâche facile).


Nul besoin d'être calé en philosophie ou en psychologie pour apprécier ce roman, c'est ce qui en fait toute sa valeur. Irvin Yalom a réussi à devenir l’intime de Breuer et Nietzsche comme s’ils étaient des personnages tout droit sortis de son imagination. Une prouesse à mes yeux.


Irvin Yalom a écrit bien d’autres romans tout aussi prodigieux que Et Nietzsche a pleuré :

N'hésitez pas à laisser vos commentaires en bas de cet article, je prends toujours beaucoup de plaisir à vous lire à vous répondre !



Amitiés,

Amel

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